John Zorn – Baphomet

Pas besoin de retracer toute la carrière de John Zorn dans le milieu du metal tant cela a déjà été très bien fait par des experts dans un article exhaustif dont je vous recommande la lecture. Le saxophoniste free jazz New Yorkais n’en est donc pas à son coup d’essai pour avoir employé déjà par le passé des musiciens étrangers au monde du jazz pour des projets a mi-chemin entre les extrêmes du metal et les du jazz comme Naked City ou Painkiller. Ainsi, même s’il ne figure pas comme musicien sur ce morceau de 40 minutes, on reconnait aisément sa patte en tant que compositeur et arrangeur dès le premier riff.

Baphomet est donc un morceau imaginé par John Zorn et interprété par le trio Simulacrum où l’on retrouve à la batterie et à la guitare respectivement les « metalleux », Kenny Grohowski (aussi de Imperial Triumphant) et Matt Holenberg (aussi de John Frum) et au clavier le jazzman John Medeski. Des musiciens venus de monde bien différent, et habitués aux collaborations, dont l’identité est bien marque à travers le disque où l’on peut entendre non seulement l’influence de projet de John Zorn comme Naked City mais aussi des touches d’Imperial Triumphant ou John Frum.

Baphomet n’est toutefois pas un gros morceau de metal mais une jam session orchestré avec de nombreux monts et vallées tendant parfois vers le déferlement d’instrument jeté dans l’escalier, le metal progressif ou des parties atmosphériques de jazz modal, sans oublier le free jazz cher a John Zorn.

Ainsi, malgré sa durée, il est difficile de ne pas être conquis par les premières minutes de ce morceau parfaitement conçu entre deux, voir plusieurs mondes. En bon chef d’orchestre, Zorn a même fait appel à un routier du monde de la musique saturé, Scott Hull (Pig Destroyer, Agoraphobic Nosebleed…) pour le masteriser et ainsi retranscrire autant le côté incisif du disque que ses parties les plus subtilement dissonantes. Baphomet est un album qui rappellera aux fans de longue date les expérimentations de Naked City mais qui plaira aussi sans aucun doute à tous les aficionados de musique complexe, saturée ou non.